En 1998, à Barcelone, quarante-cinq associations psychanalytiques de l’Argentine, l’Allemagne, le Brésil, l’Équateur, l’Espagne, les États-Unis, la France, l’Italie et l’Uruguay fondent Convergencia, dans le but de constituer une modalité de liaison entre des analystes par laquelle les différences et les dissentiments, caractérisés par la mise en acte du désir, causent un effet de travail.

La multiplicité de langues, de lectures, et la diversité des positions associatives qui intègrent Convergencia, contrastent avec un malaise croissant dans notre culture, qui prétend l’uniformité donnée par le leader, les idéaux du maître, le lien pyramidal et autoritaire propre d’une supra-institution, où le sujet reste réduit en qualité d’objet.

Convergencia se constitue comme un Mouvement parce qu’on assume, dans cette condition inter idiomatique, la reconnaissance de la différence entre les langues, ce qui enrichit le travail en psychanalyse et permet d’éviter l’hégémonie d’une langue sur les autres. Ainsi, elle offre aux psychanalystes une force politique qui donne appui à leur inscription sociale dans les différents contextes internationaux dans lesquels leur acte a lieu.

Si Convergencia est un mouvement, ce Mouvement est lacanien pour la Psychanalyse freudienne, car la psychanalyse, fondée par Freud, continue comme un discours dans la lecture que Lacan en fait. Cette persistance suppose un acte supplémentaire : celui de déduire du discours un autre type de lien entre les psychanalystes.

Faire avancer le traitement des Questions cruciales de la psychanalyse comporte une mise en question des fondements de sa pratique, en multipliant et en stimulant les liens entre ceux qui la réalisent. En favorisant l’échange et la discussion, un mode différent à l’instauration de la relation pyramidale et autoritaire propre d’une supra-organisation, en affrontant à cause de cela les effets nocifs de la fragmentation qui fait des ravages dans le mouvement lacanien international.

Alors, l’axe de Convergencia est de soutenir les différences et le lien entre les analystes, sans vouloir totaliser ni unifier ces tentatives, et dans l’idée de loger dans son sein le principe d’une différence féconde, en reconnaissant en acte, ainsi, la diversité, historique ou géographique, des différentes positions associatives, ce qui permet l’admission des modes divers d’organisation de chaque association membre.

Freud, en Psychologie des masses et analyse du moi, parle de deux masses artificielles, durables et hautement organisées : l’église et l’armée. Les deux ont une convergence autour d’un chef leader ou le père mort, qui aime d’un même amour tous les membres de la collectivité, totalisant et unificateur. Convergencia travaille pour le soutien et la tolérance d’une différence féconde présente dans sa multiplicité. Ainsi, le mode particulier d’organisation de chaque association membre se légitime, dans son trait unique dans le réel de la cure. Et cela à partir de soutenir la thèse que l’enseignement de Lacan, en relisant Freud, considère ce que les maîtres ont reformulé et modifié dans leur théorie, sans la systématiser, c’est-á-dire, en considérant les paradoxes qui pourraient advenir de ce fait.

Dans ses rencontres, Convergencia sanctionne en acte le principe de la pluralité de liens hétérogènes entre les analystes et les associations qui y font partie.